DOSSIER. Dernier round avant le premier tour de ces élections. Leur rôle: assurer une mission, un cadre au plus proche de notre quotidien. Notre ville, rien que ça ! Ils sont Français, candidats aux municipales, Afro-descendants
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Brice NKonda, jeune consultant de 31 ans d’origine franco-camerounaise, présente une liste aux municipales à Gennevilliers. Eclairage sur un candidat singulier.
Propos recueillis par Dianguina Kouyaté
Parle-nous de ton parcours…
Mon engagement citoyen a pris forme en 2005, au moment des émeutes de banlieues. Un déclic pour moi… Les discriminations sont une injustice. J’ai décidé de rejoindre le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (Cran) au sein duquel je suis rapidement devenu responsable des Jeunes de l’association.
Après deux années, il m’a semblé que le CRAN n’était pas assez présent dans les quartiers là où les discriminations font le plus rage. J’ai fait le choix de quitter le CRAN pour créer, en 2009, ma propre association : le CQFD, le Conseil des Quartiers de France pour la Diversité. Un think tank qui s’est donné pour mission de réunir des personnes qui vivent la réalité des quartiers et de les faire réfléchir sur leurs problématiques. Le principe : chaque mois on a organisé un débat sanctionné en fin de session par des propositions. Ces dernières ont finalement donné naissance à un programme politique. Côté professionnel, j’ai un master en ingénierie d’affaires. Cela fait maintenant plusieurs années que j’évolue dans le secteur du conseil.
Comment définirais-tu la ligne politique de ton programme ?
Il existe des valeurs dites « de droite » ou « de gauche » Beaucoup de jeunes issus de minorités se sont orientés vers le Parti Socialiste sans vraiment accéder à des postes à responsabilité, certains ont fait le choix de l’UMP sans forcément avoir plus de succès. A titre personnel, je suis pour la valeur travail, pour la responsabilisation des gens et surtout des parents vis-à-vis de leurs enfants. De ce point de vue, on me placerait plutôt à droite. Cependant le parti qui coïncide le plus avec mes convictions, c’est l’UDI de J-L. Borloo. Aujourd’hui, j’ai rejoint ses rangs. Pour davantage coller au contexte politique de la ville de Gennevilliers, on a créé un parti des Indépendants et Démocrates, certes lié à l’UDI, mais qui n’appartient pas à sa section locale. Dans notre campagne municipale, nous avançons sans étiquette.
Un Noir en politique dégage toujours un aspect exotique. As-tu le sentiment de revêtir les habits d’un Arlequin ou de ressentir cette perception ?
Honnêtement, je m’en fiche. Je ne me pose même pas la question. Les seules questions qu’on se pose sont d’aller voir les gens, de proposer des solutions, de bâtir une campagne électorale de qualité et de respecter nos adversaires. Le reste ne nous intéresse pas. Quant à savoir l’image que je dégage auprès des autres du fait que je sois noir, c’est le cadet de mes soucis.
Pourquoi un électeur de Gennevilliers voterait pour toi plutôt que pour un de tes adversaires ?
Pour répondre à cette question, je suis obligé de rappeler le contexte dans lequel se trouve Gennevilliers. C’est une ville ouvrière qui a subi le joug communiste ces 80 dernières années. Après la fermeture des usines, l’administration locale n’a pas su faire le renouvellement nécessaire et créer une bonne dynamique pour l’emploi. Aujourd’hui Gennevilliers reste une ville très riche dans le département le plus riche de France, grâce notamment aux nombreuses firmes qui y ont installé leur siège social mais le taux de chômage demeure anormalement élevé. Le bassin d’emploi est dense mais peu de Gennevillois en profitent pleinement. Les mesures que nous prévoyons sont claires. Un, le logement. Favoriser les habitants dans l’achat d’habitations dans la ville grâce à une décote possible jusqu’à 30%. Et au passage, mettre au claire les mécanismes d’attributions qui restent aujourd’hui assez opaques.
Deux, l’emploi. Accompagner les porteurs de projets (associations, entreprises). Le principe serait de créer une sorte d’incubateur où on rassemble toutes les bonnes idées et pratiques. Créer une société mixte dédiée à l’emploi afin d’offrir aux jeunes une expérience tremplin dans le monde du travail.
Trois, l’éducation. On souhaite promouvoir l’extrascolaire. D’abord faire de l’aide aux devoirs une priorité et aider les parents immigrés à maitriser le français pour leur faire garder une emprise sur leurs enfants. Mettre en place des ateliers de découvertes professionnelles pour les élèves de CM1 et CM2 afin qu’ils puissent avoir un aperçu des métiers pour mieux se projeter dans l’avenir.
Quatre, la sécurité. Celle des biens comme des personnes. Faire renaitre la police municipale sur le terrain.
Que penses-tu des « class actions » ?
Un procédé intéressant. Cela correspond à l’évolution de l’engagement. Les gens se rassemblent autour d’une thématique et la portent auprès du Parlement. On est dans une société de consommation. Avant de nous former à devenir des citoyens, l’école nous pousse d’abord à être des salariés-consommateurs. L’esprit critique des élèves n’est pas suffisamment aiguisé. On les formate à penser d’une certaine façon. La class action a le mérite d’offrir un pupitre aux Français et de laisser s’exprimer la citoyenneté des gens.
Les combats d’un groupe peuvent-ils faire avancer toute une société ?
Evidemment ! Mais ça dépend aussi de l’intention de base des leaders. Souhaitent-ils faire un combat de scission ou d’intégration ? La finalité du combat est essentielle. Veut-on se battre pour faire avancer le vivre-ensemble ou bien pour rassembler une communauté et la braquer contre les autres ?
A titre personnel, je ne suis pas pour l’assimilation, mais pour l’intégration. J’estime que chacun, avec ses spécificités et ses traditions, peut évoluer avec les autres tout en respectant des règles communes. Façonner les gens pour tenter d’en obtenir un tout homogène n’est non seulement pas pertinent, mais peut même s’avérer dangereux.
Pour réellement faire bouger les choses, les batailles doivent être inclusives et non exclusives à une seule communauté. Le résultat et le fruit d’une lutte ne doivent pas être récupérés à des fins particulières par la suite.
En ce qui te concerne, te sens-tu l’incarnation d’un combat ?
Moi, je fais de la politique. Pas juste pour les jeunes, pas juste pour les Noirs, pas juste pour les chômeurs. Pour toutes et tous. En réalité, tout se tient. Certes on part toujours d’une problématique particulière mais le combat doit toujours aboutir sur quelque chose de plus large.
Merci de tes réponses. Pour conclure quels seraient tes pronostics quant à l’issue des municipales au niveau national ?
Pour moi, les affaires Dieudonné, Soral, théorie des genres, etc. sont des manœuvres du PS pour affaiblir l’UMP en faisant grimper le Front National. Je vois les choses comme ça, je me trompe peut-être. Pour autant tous les mécontents de la politique de Hollande feront quand même réaliser un bon score à la droite. Sûrement moins bon qu’annoncé, mais bon tout de même. Cela fera le lit de son retour pour Sarkozy. Le Front National sera à coup sûr le grand gagnant de ces élections et réalisera des chiffres au-delà même des prévisions.
Brice Nkonda: 7 propositions pour Gennevilliers
Propos recueillis par Dianguina Kouyaté
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