Mighty Crown et le succès inattendu du Dancehall au Japon
Au Japon, lorsqu’on évoque le dancehall, on peut véritablement parler de contre-culture tant le mouvement semble contraster, aux primes abords, avec les mœurs japonaises. Dancehall et Reggaeton était prédestinés au rôle de mode passagère. Pourtant.
Les jeunes japonais qui ont été séduits n’ont pas seulement été conquis par ce phénomène en tant que danse, « j’écoute du dancehall, c’est un message positif et j’oublie mes soucis » nous confie une jeune fille.
Du scepticisme à la curiosité
C’est une véritable énergie nouvelle que le dancehall a insufflé au Japon. Le groupe japonais de dancehall Mighty Crown a remporté au 1er rang mondial du concours « World Clash » en 1999 pour leur première participation. Un membre se souvient de sa rencontre avec le genre musical « C’était différent, je ne comprenais pas les paroles, je ne comprenais rien, mais toute cette énergie m’a renversé ! ».
A ses débuts, l’arrivée du dancehall a suscité de nombreuses réactions et questions, « pourquoi le Japon ? » se disait on. Si l’on se réfère à ce à quoi nous renvoie la culture japonaise, on se représente assez rapidement l’image d’un pays réservé où ni l’excentricité ni le rythme n’ont leur place.
Un membre de Mighty Crown se souvient des débuts difficiles, loin d’être annonciateurs d’une réussite future « les réactions ont été mitigée, la moitié des gens nous acclamait. L’autre moitié pensait qu’on allait échouer ».« Le Sound system japonais n’est qu’une fascination, dans un an c’est fini » renchérissait cette autre moitié, sur de son fait.
Junko Kudo, la Dancehall Queen
Alors que le groupe Mighty Crown a ouvert la voie, c’est une femme qui va véritablement être le « game-changer » de la scène dancehall japonaise.
Junko Kudo est la reine japonaise du dancehall. Elle est sortie, en 2002, victorieuse du concours de danse « Dancehall Queen », compétition internationale féminine de la discipline. La première non-jamaïcaine à réaliser cet exploit. C’est fort de ce titre que la danseuse, dotée d’une formation en ballet classique, va incarner le rôle d’ambassadrice au Japon. Très vite, beaucoup de jeunes femmes se sont mises à apprendre la danse. Cependant, les danseuses japonaises ne se sont pas contentées de copier le modèle jamaïcain, elles ont apporté une plus-value japonaise à leur art.
Désormais, le dancehall n’est plus seulement ce déhanché qui enflamme les dancefloors, c’est aussi « une expression de l’indépendance de la force et de la personnalité » comme le souligne les jeunes japonais.
Des groupes comme Mighty Crown ont largement pu profiter de l’émulation provoquée par leurs propres succès et celui de Junko pour se transformer en véritable mouvement. Ainsi, se sont quelques 35 000 personnes qui ont rempli le stade de Yokohama pour fêter le 15ème anniversaires de Mighty Crown en 2010 aux cotés de nombreuses stars du dancehall jamaïcain. Rien que ça.