A la découverte des plus grands photographes d’Afrique

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Le décès le 14 avril de Malick Sidibé a marqué les esprits autant que son œuvre a marqué le monde de la photographie. Mais si l’héritage du Malien est considérable et peut être revisité, il ne faut pas oublier bien d’autres talents du continent. Tour d’horizon.

Alex Acolatse, le précurseur togolais

Né en 1880 au Togo dans une famille aisée, Alex Agbolo Acolatse découvre la photographie un peu par hasard lorsque le photographe itinérant Freddy Lutterodt l’initie, au début du XXème siècle.  Il ouvre alors un studio, et se met à créer des cartes postales dans les années 1920. Son succès, notamment à travers ses portraits, le conduit à présider l’Association des Photographes Professionnels du Togo. Il décède en 1975, ayant inspiré des dizaines de jeunes.

Alex Agbaglo Acolatse (Togolese, Kedzi 1880–1975 Lomé) Group Portrait, 1900-1920 Glass negative; 6 1/2 × 8 1/2 in. (16.5 × 21.6 cm) The Metropolitan Museum of Art, New York, Visual Resource Archive, Department of the Arts of Africa, Oceania, and the Americas (TR.310.2015) http://www.metmuseum.org/Collections/search-the-collections/686264

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Crédits : Metropolitan Museum.

Philippe Ayi Koudjina, Niamey by night

La fièvre des boîtes de nuits nigériennes des années 1960 et 1970 a un témoin, et il s’appelle Philippe Ayi Koudjina. Ce Béninois né en 1939 ne se déplace jamais sans son appareil dans la vie nocturne de Niamey. Il est l’un des premiers d’Afrique de l’Ouest à s’essayer à la photo en couleur pour immortaliser les années fastes du Niger. Concurrencé dans les années 1990 par une nouvelle génération de photographes qui cassent les prix, il meurt ruiné, aveugle et malade, en 2014.

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Crédits : Aadart.

Ernest Cole, le photographe de l’apartheid

Le premier photographe indépendant noir d’Afrique du Sud n’est pas n’importe qui. Né en 1940, il refuse très jeune l’éducation bantou officielle du régime de l’apartheid et préfère se lancer dans la photo, grâce à un appareil que lui offre un prêtre. Il suit des cours à distance avec l’institut de photographie de New York et collabore avec plusieurs revues, dont la prestigieuse Drum. Il s’installe ensuite aux Etats-Unis puis en Suède, où il dévoile ses clichés du régime de l’apartheid. Il meurt d’un cancer en 1990. Un prix de photographie à son nom voit le jour en 2011.

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Crédits : Ernest Cole Family Trust / Courtesy the Hasselblad Foundation.

Seydou Keïta, le portraitiste du Mali indépendant

Si le nom de Seydou Keïta vous rappelle un milieu de terrain du FC Barcelone dans les années 2000, n’oubliez pas trop vite son homonyme du siècle dernier. Né en 1921 à Bamako, Seydou Keita immortalise comme le fait Sidibé la capitale malienne et ses habitants à travers la photo. Il s’y met dès l’âge de 14 ans, lorsque son oncle lui offre un appareil.

Ce charpentier de formation se focalise sur la pratique du portrait, ce qui lui vaut d’être exposé dans les plus prestigieux musées. Son succès lui survit, puisqu’après son décès en 2001, ses images continuent de faire florès sur les réseaux sociaux ou d’autres expositions, comme actuellement au Grand Palais de Paris.

On lui doit un style unique de mise en scène, parvenant avec des motifs et de jeux de contraste à mettre de la couleur dans des photos en noir et blanc.

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Crédits : Seydou Keita Photographer

Zanele Muholi, une jeunesse engagée

L’engagement de Zanele Muholi en Afrique du Sud porte sur un sujet sensible : les droits des homosexuels, particulièrement des lesbiennes. Diplômée en photographie, cette quadragénaire se penche depuis les années 2000 sur les questions de genre. Elle montre une communauté LGBT unie, existante et solidaire dans son pays, et dénonce des violences comme le « viol correctif » infligé aux lesbiennes sud-africaines.

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Crédits : Brooklyn Museum

 

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Sur l'auteur

Noé Michalon

Noé Michalon est journaliste, particulièrement intéressé par les questions de politique africaine et de mixité sociale dans les sociétés occidentales. Il est actuellement en master d’études africaines à Oxford (Royaume Uni).