LIRE NOTRE DOSSIER : Le renouveau de la cuisine africaine
Les idées fusent dans l’esprit du jeune trentenaire. C’est en 2008 qu’elles se concrétisent avec la création de Yassa food – une chaine de restauration rapide. Les restaurants et les franchises fleurissent un peu partout en France. Mais ne s’arrête pas là. Ambitieux, il se tourne vers le site de vente en ligne. C’est ainsi que, l’année dernière, Yassa store est né.
Lorsque vous vous êtes lancé dans l’aventure Yassa food, vous a-t-on pris au sérieux ?
Pas du tout. Ma famille et mes amis me disait : « tu as étudié pendant cinq ans pour faire ça ?! ». Puis, lorsqu’ils se sont rendu compte qu’on pouvait faire du business autour de la cuisine africaine, ils ont compris que ce n’était finalement pas qu’une histoire de casseroles. Nous sommes passés dans les journaux télévisés des plus grandes chaines françaises. C’est devenu une fierté. Personne n’y croyait mais ça a marché.
Quelques temps après, vous avez créé le . Pourquoi ?
Oui, fin 2013. Nous souhaitions développer la vente de nos produits agroalimentaires : plats cuisinés, en boite, en bouteille etc. On peut les conserver longtemps donc il n’y avait pas de problème pour un site de vente en ligne.
Quels types de produits propose-t-il ?
Alimentaires : du maffé, des yassa box aloco ou tieboudien par exemples. Des matières premières, approvisionnées par notre filiale basée en Afrique, comme des fleurs d’hibiscus ou du couscous sec. Des livres de cuisine écrits nous-même, des tee-shirts etc.
Entre sa création et aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ?
Le contenu du site, d’une part. D’autre part, le nombre de visites qui est passé de 1000 à 50 000. Mais ce n’est pas ce qui compte le plus.
Comme celui d’une gamme de sauces africaines disponibles en grande surface ?
Oui, par exemple. C’est nous qui avons proposé ces produits à la grande distribution. Ça découlait naturellement de notre activité. Après yassa food et les livres recettes, je cherchais une idée pour ne pas rester uniquement dans la restauration. Alors voilà, Yassa food s’est tourné vers le web (rires). Ça a été un succès avant même de commercialiser les produits, lorsqu’on a vendu notre savoir-faire à des industriels. C’était inespéré ! Il faut encore travailler pour le référencement au niveau national dans les magasins mais ça se vend.
Quel est votre rapport avec la cuisine africaine ?
Le lien a toujours été là. J’ai grandi dedans. Ma mère et ma grand-mère cuisinaient. Et aujourd’hui j’en vis. Je suis très reconnaissant envers cette cuisine. Elle m’a beaucoup apporté et je l’ai démocratisé. C’est bien plus qu’une question d’argent, c’est une politique, une culture, une identité.
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Quelle image voulez-vous donner d’elle ?
Nous avons ouvert la voie pour prouver qu’elle n’est pas ringarde et au contraire glamour. Avant, les clients des restaurants africains aimaient forcément l’Afrique. Le client lambda ne s’y rendait pas. Le problème, c’est que les Africains eux-mêmes ne valorisent pas leur culture.
Qu’a-t-elle de plus que les autres ?
Le goût. C’est ce qui fait sa richesse, notamment par rapport à la cuisine française. Si on prend l’exemple des sauces africaines, ce sont les plus complexes du monde. Cela explique le fait que c’est le cœur du plat. Le reste, ce sont des aliments basiques : du riz, du poulet etc.
Selon vous, la cuisine africaine concurrencera-t-elle un jour la gastronomie asiatique, américaine ou française ?
Oui je pense. C’est dans l’air du temps avec le métissage, l’exotisme, même s’il y a une montée du racisme et des extrêmes. 50 % de nos clients ne sont pas Africains. Les gens comprennent que ce qui est bon pour un Noir est bon pour un Blanc. Et la France est sujette à accepter de plus en plus cette cuisine puisque c’est un pays multiculturel. Regardez, le couscous fait partie intégrante de la culture française alors pourquoi le poulet yassa n’en ferait-il pas un jour partie ?
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