Affaire Black M! Faut-il rappeler ce que la France doit à ses tirailleurs sénégalais ?

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Si le choix du rappeur Black M pour commémorer la bataille de Verdun a pu être contesté pour des raisons artistiques, ce sont avant tout des arguments racistes et déshonorants qui ont été employés pour demander l’annulation de sa prestation. Une manière d’exclure du récit national les Noirs de France et les descendants des tirailleurs sénégalais, dont Black M fait partie.

  • Faut-il rappeler que l’histoire des tirailleurs sénégalais ne se résume pas qu’à deux guerres mondiales et au Yabon Banania, mais plutôt à un siècle d’existence (1858-1960), sur de nombreux champs de bataille ?
  • Faut-il rappeler que la colonisation de certains pays africains par la France, comme Madagascar, ne se serait pas faite sans le coûteux appui de son contingent africain ?

  • Faut-il rappeler, comme l’a fait Jacques Chirac il y a dix ans lors des commémorations des 90 ans de Verdun, que 72.000 soldats des colonies, arrachés de leurs villages et de leurs familles, ont perdu la vie lors de la Première Guerre Mondiale ?

  • Faut-il rappeler que deux bataillons de tirailleurs sénégalais ont pris part à cette meurtrière bataille de Verdun ?
  • Faut-il rappeler la mortalité plus élevée dans “le réservoir colonial” (21,6%) que chez le reste des troupes (18,6%) à l’issue de 14-18 ?

  • Faut-il mentionner les scènes d’horreur que connurent des villages des colonies lors des recrutements forcés qui eurent lieu pour fournir du sang neuf au colonisateur en pleine guerre ?
  • Faut-il rappeler que ce sont 500.000 soldats qui affluèrent d’Afrique pour prendre part à la Seconde Guerre Mondiale du côté de la France ? Qu’ils furent mis en première ligne et plus décimés encore par l’invasion allemande que leurs homologues de France métropolitaine ?
  • Faut-il rappeler que la résistance ne fut pas que Blanche ? Que l’Histoire de France déborde de noms de héros Noirs, de Félix Eboué, premier gouverneur colonial Noir, qui se rallie dès 1940 au Général de Gaulle, à Addi Bâ, résistant inconnu et opiniâtre, qui paya de sa vie son silence pour ne pas avoir donné les noms de ses camarades des Forces Françaises de l’Intérieur ?
  • Faut-il enfin rappeler le destin prestigieux que fut celui de certains tirailleurs sénégalais, du champion du monde de boxe “Battling Siki” au poète de la négritude Léon Gontran-Damas ?
  • Et celui beaucoup moins enviable de milliers d’autres anciens combattants d’Afrique à qui de maigres pensions furent versées (jusqu’à dix fois moins qu’un ancien combattant de France métropolitaine) ?

On n’efface pas cent ans de combats pour la France en annulant un concert.

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