Les fastfoods africains ont trouvé la recette du succès – A lire

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    afrik n fusion totem fast food africain

    La restauration rapide ne connait pas la crise, bien au contraire. Depuis 2004, les ventes ont augmenté de 70 %, passant de 19,7 milliards d’euros annuels à 34 milliards en 2012. La raison ? Une pause déjeuner de 30 minutes pour les salariés, alors que leurs parents bénéficiaient d’1h30. La rapidité prime. Mais pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? Après les hamburgers, les sushis et les kebabs, le poulet Yassa s’invite à table : les fastfoods africains sont en véritable ébullition.

    Enquête de Marion Bordier

    La recette d’un tel succès ? Mélangez un peu de créativité avec une cuillère à soupe de bon accueil. Ajoutez quelques plats typiques, un rapport qualité-prix intéressant et hop le tour est joué ! Comme l’indique David Betoubam, ex propriétaire d’un fastfood africain, le but de ces établissements est de « montrer qu’il y a une tradition culinaire africaine, de la joie autour des repas (…) et casser l’image des restaurants à l’hygiène douteuse ».

    C’est ce qu’ont bien compris trois amis, Kader, Bakary et Sidiba, lorsqu’ils ont créé leur propre fastfood africain à Paris, baptisé Afrik’N’Fusion. Concept sur place, à emporter ou livré. Dans le 11ème , le 20ème et bientôt dans le 92. Avec vos amis, votre famille ou seul… C’est comme vous voulez. La musique, les couleurs et la carte de l’Afrique sur le mur du restau font voyager avant même d’avoir goûté aux plats. Au menu ? Accras, pastels ou alokos (beignets avec de la morue ou de la banane) en entrée. Poulet Yassa (braisé), Tilapia (poisson) ou Capitaine (riz, choux et poisson), Dibi (viande grillée accompagnée d’oignons), Tieb (riz, sauce tomate, poisson) ou Saka Saka (bouillon de feuilles de manioc) ensuite. Et pour terminer en beauté : glaces, salades de fruits et beignets sucrés en dessert. « Ici, c’est bon marché et ce n’est pas comme chez Mac Do. Quand on sort, on est rassasié » lance un habitué. Et oui, pour 12 euros 90, ça vaut le détour ! Un autre client, adepte des sushis bars, restaurants indiens ou chinois confie « Afrik’N’Fusion est mon établissement préféré ! J’y viens très souvent ». Un cocktail concept qui ne peut que séduire.

    La crise ? Connais pas.

    Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance. Pas facile de créer sa PME (Petite ou Moyenne Entreprise) un an après la crise des subprimes et pourtant ils sont de plus en plus à se lancer. L’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Economique) aide les auto-entrepreneurs en leur faisant goûter au programme Créajeunes, suivi d’une formation de deux mois. L’association peut leur prêter jusqu’à 8 000 euros. Un véritable coup de pouce confirmé par Youssouph, propriétaire du fastfood africain La rivière de Saloum : « Sans cette aide, mon projet aurait été compliqué à mettre en place ». Espace pour entreprendre et Pôle Emploi sont également là pour soutenir ces courageux.

    nando's african fast food

     

    Selon plusieurs analystes, la restauration rapide est bien le « segment à fort potentiel d’un marché de la restauration commerciale à bout de souffle ». Bref, si on souhaite se lancer dans le secteur, mieux vaut se tourner vers le concept de fastfood même si on n’est pas du métier. D’autant plus que la franchise permet de former les inexpérimentés à l’aide de coachs, mais il faut tout de même compter entre 30 000 et 80 000 euros. Après tout, il faut savoir faire des sacrifices. « La culture de l’entreprise est l’irrévérence et le plaisir. Cela fait partie de la formation pour chaque membre du personnel, ce qui permet de s’assurer que les mêmes valeurs sont partagées, même là où les sens de l’humour sont différents », explique Selwyn Bron, directeur de Nando’s qui compte plus de 1 000 fastfoods africains à travers 30 pays dans le monde comme l’Angleterre, l’Amérique ou encore le Liban. « Au Royaume-Uni et aux États-Unis, nous gérons seuls les restaurants appartenant à la société », précise Selwyn Bron, « en revanche, en Malaisie nous exploitons des restaurants à travers une Joint Venture que nous avons montée avec une société malaisienne ». Les saveurs africaines sont, sans aucun doute, sur le devant de la scène de tous les continents.

    black spoon food truck africain

    Et les déclinaisons de cette cuisine ne s’arrêtent pas là. Les foodtrucks, ces camionnettes gourmandes qui rappellent les baraques à frites, sont en plein boom. La seule différence ? Elles proposent des plats traditionnels africains. La propriétaire de l’un d’eux, Fati Niang, explique : « Ce qui m’a motivé c’est qu’il n’y avait pas de foodtruck africain sur le marché parisien, j’ai donc décidé de créer le premier. Je me suis orientée vers du haute gamme, car manger dans la rue cela fait tout de suite négligé mais chez Black Spoon, c’est de la qualité ». Pari gagné pour la jeune sénégalaise puisque son « établissement » est classé 3ème dans le top 10 des meilleurs foodtrucks de France.

    La cuisine africaine se modernise sous toutes les formes afin de satisfaire une demande de plus en plus importante. Une chose est sûre, elle a un bel avenir devant elle. Et, ça, vous pouvez y mettre votre main à couper !

    Marion Bordier

    Sur l'auteur

    Passionnée par le journalisme depuis longtemps! Un rêve devenu réalité!