Ces cinéastes noirs qui s’installent sur les sièges de réalisateurs(2/2)

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2è partie de l’article

Fait à l’énergie, sans argent ni soutien, ce film choral, porté par le bouche-à-oreille, est salué par la critique. Tourné à l’arraché avec des acteurs bénévoles, « Donoma » reçoit vite les lauriers qu’il mérite : sélection au Festival de Cannes, tournée en festivals et à travers la France, buzz internet et médiatique, prix Louis Delluc de la meilleure première œuvre. Le pitch du film ; une enseignante s’engage dans une relation ambiguë avec le cancre de sa classe de lycée professionnel ; une jeune femme déçue en amour décide de court-circuiter tous ses critères conscients et inconscients de choix, en sortant littéralement avec le premier venu ; la dernière histoire met en scène une jeune fille agnostique qui va être amenée à se poser des questions sur la religion chrétienne. Elle va au cours de son questionnement rencontrer un jeune homme un peu marginal et très croyant. Toutes ces histoires se croisent sans s’influencer, et trouvent une symbolique dans le lever de soleil qui donne son nom au film : « Donoma » (Le jour est là). Il a donc pris pour habitude de laisser tourner la caméra et de demander aux acteurs d’entrer progressivement dans les rôles qu’ils jouent. Son objectif est de capter une version sensible du comédien, de capturer à l’improviste le réel, l’humain. Avec « Donoma »,Djinn Carrénard donne un coup de fouet au cinéma dit indépendant. Le jeune cinéaste a fait son film tout seul, sans producteur ni soutien du CNC, avec beaucoup d’audace et 150 euros. Autodidacte, passé par la cinéphilie « des cartes de cinéma illimitées », Carrénard veut montrer « des choses de la vie que l’on voit autour de nous mais pas assez au cinéma », que ce soit la CAF, la religion ou les relations interraciales. Toujours avec la bande de « Donoma », il planche sur un second film, « sur l’identité nationale, ce que c’est d’être français aujourd’hui ».

Pierre Vavasseur dans « Le Parisien » dit du 1er film de Rachid Djaïdani, « Rengaine » : « La démarche rappelle l’aventure, en 2011, de « Donoma », de Djinn Carrenard, fabriqué à l’huile de coude et financé avec trois francs six sous. »

Rachid Djaïdani, 38 ans, a déjà plusieurs vies derrière lui : maçon, vigile, boxeur (champion d’île de France), écrivain, acteur chez Peter Brook… Il compte bien continuer à faire du « cinéma hors la loi, en un peu plus cadré, peut-être ». Sortie en novembre 2012, « »de Rachid Djaidani arrive sur les écrans après neuf ans d’un tournage à l’arrache. Comme « Donoma », cette fable sur les amours contrariées d’une beurette et d’un Noir dans le chaudron communautaire parisien est en prise directe avec une France urbaine, métissée et tchatcheuse. « J’ai fait Rengaine comme on fait un don, pour mettre en lumière ceux qu’on ne regarde jamais. »« Habituellement, Paris est filmé en mode Chanel n°5. J’ai voulu montrer ma ville telle que je la vis tous les jours. Les gueules de mes personnages valent toutes les façades Haussmanniennes : elles font partie du décor pour qui sait les voir et les aimer. » En passant Rachid a été agent de sécurité sur le tournage de La Haine ».

Son premier roman, Boumkoeur, qui raconte avec une tendresse nuancée la vie quotidienne des habitants d’une cité, paraît en 1999. Il publie ensuite Mon nerf, en 2004, et Viscéral, en 2007. Bon et en fait ça parle de quoi Rengaine ? Voila ze pitch ; Paris, aujourd’hui. Dorcy, jeune noir chrétien veut épouser Sabrina, une jeune maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n’avait pas quarante frères et que ce mariage plein d’insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés: pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s’opposer par tous les moyens à cette union…

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Rengaine a été multi récompensé : Festival de Cannes 2012 : Prix FIPRESCI de la Critique internationale pour Rengaine/Festival de Deauville 2012 : Prix Michel d’Ornano/Festival international du film indépendant de Bordeaux 2012 : Lune d’or

Par Gislain Dembele

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