A l’heure où la calotte glacière fond à toute vitesse, où la couche d’ozone s’émince petit à petit, tous les moyens sont bons pour participer à stopper le dérèglement climatique. La cuisson écologique en est un.
Avec les factures qui augmentent, tout ce qui peut diminuer sa consommation d’énergie, on prend ! Eteindre les lumières ou débrancher les appareils électroménagers, c’est désormais (presque) dans les mœurs. L’association Bolivia Inti – Sud Soleil propose une solution innovante : la cuisson respectueuse de l’environnement. Pratiquée à l’aide de plusieurs « instruments », elle séduit de plus en plus.
L’autocuiseur
L’autocuiseur (ou autoclave) fait partie de l’un d’eux. Il permet de diminuer de moitié les dépenses d’énergie et la perte de vitamines, de minéraux et de saveur des aliments grâce à une température de 100 degrés.
Le Wok
Le Wok (poêle avec rebords élevés) préserve le goût et la qualité des produits. Mais malgré tout souvent considéré comme cancérigène du fait de sa température très élevée (300 degrés)… C’est l’avis de David Khayat, cancérologue. De nombreuses études sur des Chinoises – friantes de ce mode de cuisson – ont montré qu’elles souffraient de cancers du poumon alors qu’elles ne fumaient pas. De plus, le wok n’est pas adapté à la modernité. « Il est parfait dans les campagnes chinoises, à l’extérieur ou dans des huttes bien aérées ». Des précautions comme ouvrir les fenêtres, allumer la hotte ou utiliser une huile qui tient les hautes températures – ex : l’huile d’arachide – sont à prendre.
La cuisson à vapeur douce
Avec la cuisson à vapeur douce, plus aucune inquiétude. La température ne dépasse pas les 100 degrés et les graisses nocives sont éliminées. Il suffit de placer les produits dans un panier en bambou perforé muni d’un couvercle pour concocter de savoureux mets.
La cuisson solaire
Quant à la cuisson solaire, elle peut fonctionner avec un four (ou cuiseur) boîte, à panneaux solaires, à réflexion ou à effet de serre. C’est la capture des rayons lumineux du soleil qui permet de cuire les aliments. Aucune énergie électrique n’est utilisée.
Cuisson à l’étouffée
L’étouffée est également considérée comme un mode de cuisson écologique. A 70 degrés, il n’est pas utile d’ajouter de l’eau ou de la matière grasse.
C’est suite au voyage de quatre couples nantais qui rendaient visite à leurs belles familles boliviennes, en 1999, que Bolivia Inti-Sud soleil est née. « Ils ont été confrontés et sensibles à la rareté du combustible chez les familles qui les accueillaient. Dans ce groupe, il y avait notamment Robert Chiron, ardent militant des énergies renouvelables, qui a dépoussiéré le concept du cuiseur solaire Ulog, vieux de près de deux siècles » éclaircie Patrick Fourrier, le directeur adjoint de l’association.
Six ans plus tard, sa notoriété augmente avec l’organisation des journées techniques sur les projets de développement de la cuisson écologique en Afrique, à Nantes. Patrick Fourrier explique que « toute la palette de financement est utilisée » pour accroitre l’influence de l’association. Au programme : campagnes de dons, dossiers de financements, prestations de formation et d’expertise, vente de cuiseurs en France, etc.
L’objectif de l’association ? « Le soleil au service du développement », soit l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres et la lutte contre le réchauffement climatique. Selon le protocole international Gold Standard, l’utilisation d’un cuiseur permet de réduire ses émissions de CO2 d’une tonne par an. Quant à l’économie de bois, elle s’élève entre 50 et 60 %. Basé en Bolivie, au Pérou en France mais surtout sur le continent africain, Bolivia Inti – Sud Soleil œuvre pour le déploiement des équipements d’une cuisson solaire, économe et écologique. Ainsi aujourd’hui, 19 644 cuiseurs écologiques bénéficient à plus de 98 000 Africains, 4 024 à bois à 28 000 d’entre eux.
Cuisson écologique en Afrique
D’une part, l’avenir de sa population est menacé. Bien que les énergies fossiles – comme le bois ou le charbon – soient très exploitées, 70 % de la production est destiné à l’exportation. Les locaux n’en profitent pas vraiment. En milieu rural, 6 Africaines sur 10 subissent de plein fouet la raréfaction des ressources en bois. Pour les femmes de la ville, c’est celle du gaz. Les prix ne cessent d’augmenter. Entre 2000 et 2005, l’Afrique a vu disparaître 4 millions d’hectares de forêts chaque année. La moitié est utilisée en feu de bois. Après la difficulté pour trouver à manger, vient celle pour faire cuire ce que l’on a trouvé. Un cercle vicieux auquel la cuisson écologique peut être une solution.
D’autres part, hors des villes africaines, cuire ses aliments à l’aide de bois, ou de résidus, avec des foyers ouverts ou des poêles dans une hutte sans aération met en danger la santé. Le 26 mars 2014, Ouest France indiquait qu’ « avoir un foyer ouvert dans sa cuisine, c’est comme griller 400 cigarettes en 1 heure ». Un fait révélé par l’OMS. Pneumonies, cécité précoce (perte de la vue), problèmes respiratoires, cancers du poumon : voilà ce à quoi la population s’expose. Des risques à ne pas négliger pour les femmes et les enfants qui représentent, dans le monde, environ 60% des décès liés à la pollution de l’air dans les maisons. Et la communauté internationale en a bien conscience. En 2000, le Sommet du Millénaire, tenu au siège des Nations Unies – New York – a prévu de réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans et de trois quarts celui des mères pour 2015. Bien que la cuisson écologique permette de diminuer ces taux, le rôle qu’elle pourrait jouer n’est pas pris en compte dans le programme. Pourtant, cuire tout en respectant l’environnement est une solution d’avenir pour l’environnement mais également pour l’Homme.