Comment l’ écotourisme africain bénéficie-t-il aux populations locales?

0

 
     

    masai

    4è et dernière partie de notre dossier sur le tourisme en Afrique.

    En 2004, les partisans du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique approuvent un plan d’action visant à faire du continent la « destination du XXIème siècle ». Le tourisme, un secteur en devenir ? Taleb Rifai, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme a présenté des données qui démontrent une augmentation du nombre de visiteurs en Afrique. Ils étaient 37 millions en 2003 et 58 millions en 2009.

    Par Marion Bordier

    1- Le voyage d’aventure

    2 – Voyage en Afrique : L’incroyable potentiel du tourisme culturel

    3 – Le voyage haut de gamme

    4 – Le voyage écologique

    « Prenez uniquement des photos, ne laissez que vos empreintes de pas » : voici le slogan des professionnels de l’écotourisme. Jeter du plastique ou du papier gras ? Acheter du corail, des carapaces de tortue ou encore des coquillages ? Non merci. Mais on dit oui aux lampes au kérosène qui évitent d’utiliser le générateur gênant les animaux sauvages. Oui, à la limitation de sa consommation d’eau. Oui, au respect des populations locales. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT), définit le voyage équitable comme « satisfaisant les besoins des touristes et des régions hôtes. Le tout en protégeant et en mettant en valeur les opportunités pour le futur». Philippe Lemaistre, du Département du développement durable du tourisme à l’OMT, précise trois critères essentiels pour parler de séjour durable. Le bénéfice aux communautés locales, le respect de l’environnement et la qualité de l’expérience du visiteur. Une chose est sure, si un Masaï ou un Touareg porte des chaussures de sport et non plus ses sandales en pneu et en cuir, ce n’est pas de la faute des touristes ou du moins des écotouristes. Les consignes, ils les ont bien comprises.

    éco tourisme afrique

    Parmi ces curieux, des Français qui « aiment se rendre au Maroc, en Tunisie, à l’île Maurice, au Sénégal et à Madagascar. Les Anglais, quant à eux, préfèrent les nations davantage propices à l’écotourisme comme l’Egypte, l’Afrique du Sud, le Kenya ou la Gambie » indique Diane Audrey Ngako, créatrice du site Visiterlafrique.com Cette plateforme regroupe des personnes ayant voyagé sur le continent. La communauté partage ses coups de cœur et ses expériences aussi bien heureuses que malencontreuses. « Notre objectif est de montrer une autre image de l’Afrique ; celle que l’on ne voit pas toujours dans les médias traditionnels. Par la même occasion, nous dynamisons le tourisme africain » ajoute la jeune auto entrepreneur.

    diane audrey ngako visiter l afrique

    Diane Audrey Ngako, fondatrice de Visiterlafrique.com

    Bénédicte Baudry ajoute : « d’année en année, il y a de plus en plus de touristes allemands ». Selon une étude de l’institut Panos (Londres), il existe trois catégories d’écotouristes. L’expert aux moyens financiers confortables, fatigué des circuits traditionnels, qui souhaite un retour aux sources. Le diplômé de classes moyennes, écologiste, qui demeure sensible aux problèmes du Tiers Monde. L’étudiant, à budget restreint, en quête de nature, qui enrichit son CV avec des séjours à l’étranger.

    En Tanzanie, collaboration « communautés locales-investisseurs touristiques » oblige, des ONG proposent des séjours et des randonnées dans les villages. Mais pas seulement. Sont mis en place des tour-operators où la population locale, qui accompagne les touristes, est directement payée. Les hôteliers construisent parfois des dispensaires ou des systèmes d’adduction d’eau. «Nous ne voulons pas commettre les mêmes erreurs qu’au Kenya », assure un responsable du groupe de l’Aga Khan. Mais quelles erreurs ? Multiplier le nombre d’hôtels ou encore amener des milliers de touristes, sans que les villageois ne profitent des bénéfices. « L’activité « hors-sol » n’est plus d’actualité » conclue le responsable. C’est aussi le cas dans le village d’Ebodje au Cameroun. Ses habitants – en majorité des pêcheurs – reçoivent une part des revenus que génère l’activité touristique. Et elle est bien sûr équitable. C’est grâce à cet argent que depuis 1999, les infrastructures visant à améliorer leur qualité de vie, comme l’électricité, ont été mise en place.

    Chutes-de-la-Lobé cameroun

    Chûtes de la Lobé, Cameroun

    La part de l’écotourisme (10 à 15 % de croissance annuelle, selon l’OMT) dans les revenus générés par l’industrie du voyage en Afrique, ne cesse de croître. La tendance s’est déjà traduite par une augmentation du nombre de visiteurs : 13,8 millions en 1988 et 24,9 millions dix ans plus tard. Le tourisme équitable est donc en parfait accord avec l’objectif des Nations Unis fixé depuis le Sommet mondial pour le développement durable (SMDD) de 2002. Il vise à réduire de moitié le nombre de populations vivant avec moins de un dollar par jour, à satisfaire les besoins actuels et ceux des générations futures.

    Mais certains vont même plus loin dans la promotion du voyage équitable avec le tourisme « pro-poor ». L’Agence de développement britannique (DFID) précise qu’à la différence du voyage durable qui inclut le respect de l’environnement, le tourisme pro-poor vise exclusivement la réduction de la pauvreté et s’appuie sur des projets concrets. Pour l’instant, seuls l’Ouganda, l’Afrique du Sud et la Namibie mettent en pratique ce nouveau type de tourisme.



    Taleb Rifai, secrétaire général l’OMT, a déclaré : « l’Afrique a été l’une des régions où le tourisme a le plus progressé ces dix dernières années ». Le secteur emploie déjà près de 8 millions de personnes sur le continent et a vu le nombre de touristes passer de 37 millions en 2003 à 58 millions en 2009. Les recettes ne sont pas négligeables. Selon la Banque Mondiale, elles représentent environ 50 % du PIB des Seychelles mais seulement 1 % de l’Afrique centrale. Malgré tout, en 2012, une perte de 12 % de visiteurs a été enregistrée par rapport à l’année précédente. Les raisons de ce déclin ? Les printemps arabes, les guerres et l’insécurité pour les touristes

    Marion Bordier

    Dossier TOURISME EN AFRIQUE :

    1- Le voyage d’aventure

    2 – Voyage en Afrique : L’incroyable potentiel du tourisme culturel

    3 – Le voyage haut de gamme

    4 – Le voyage écologique

    diane audrey ngako eco tourisme écoutourisme africain masai séjour durable visiter l afrique

    Sur l'auteur

    Passionnée par le journalisme depuis longtemps! Un rêve devenu réalité!