Totem a mené une enquête auprès d’experts afin de vous proposer un dossier qui permet de mieux appréhender le profil de l’entrepreneur africain parfait.
Ce dossier s’articule autour de 5 facteurs essentiels pour créer et définir le prototype de l’entrepreneur africain parfait.
Dossier réalisé par Marion Bordier et Gauthier Kulula
Totem, partenaire du prix de l’entrepreneur africain de France du 19 Juin 2014
2. Le courage de l’entrepreneur selon Edouard Sanou, PDG de Nexilone
Les idées ne manquent pas et ne manqueront certainement jamais. Qu’elles soient nouvelles ou inspirées du passé, elles sont le point de départ de toute entreprise. Ce qui va donner de la valeur à une projet c’est l’acharnement de son concepteur à la réaliser… Cet acharnement emprunt de courage va lui permettre de dépasser ces difficultés et obstacles pour atteindre son but.
Par Marion Bordier
Edouard Sanou est un exemple de réussite. Une bonne idée. Du culot. De la persévérance. Voilà comment il est devenu le PDG de Nexilone. Serré dans son costume cravate, il parle de son entreprise comme de son bébé. Après tout, il l’a créée cette boite d’une trentaine d’employés. Sa mission ? Adapter le logiciel SAP qui relie les différentes fonctions – comptabilité, finances, marketing etc – d’une société entre elles. Pour se faire, il utilise un système d’information centralisé sur la base d’une configuration client/serveur. Par exemple, si une entreprise reçoit une commande de marchandises, elle peut savoir ses conséquences sur la production, le personnel, les besoins de financement, etc.
Après une école pour devenir analyste programmeur en Afrique, il arrive en France. Ses études ne s’arrêtent pas là pour autant. Ingénieur, gestionnaire, tout ce qui touche à l’informatique le passionne. Un parcours brillant durant lequel le projet Nexilone voit le jour. « Pour ma dernière année à Toulouse, j’ai fait un stage chez IBM (International Business Machines). Cela devait déboucher sur un emploi mais comme je n’avais pas la nationalité française, ça n’a rien donné. Le constructeur informatique m’a tout de même proposé de créer mon entreprise ». Auto entrepreneur nan. Edouard Sanou préfère dire « freelancer ».
Bien entendu, tout n’est pas rose dans la création d’une société. Les qualités deviennent parfois des défauts. « En tant qu’informaticien, j’étais perfectionniste, ce qui est indispensable dans ce métier. Malheureusement, lorsqu’on devient chef d’entreprise, il faut se concentrer sur l’essentiel et non pas sur les détails ». Il a conscience de ses faiblesses et travaille dessus. Mais comme il dit, on ne se refait pas.
Il se sert un verre d’eau pétillante, boit à petite gorgées et reprend : « obtenir la confiance des clients, c’est compliqué. Et une fois qu’on l’a, la garder l’est encore plus ». Etre une petite structure c’est être la cinquième roue du carrosse ou « de la chair à canon ». Le problème ? Les PME (Petites ou moyennes entreprises) travaillent entre elles et utilisent les sociétés comme Nexilone uniquement comme compléments. Au début, le manque de ressources était un frein. Aujourd’hui, la société en a mais n’arrive pas à les placer sur le marché. C’est une histoire sans fin.
Edouard Sanou s’en amuse mais ça n’a pas toujours été le cas. « Il est très difficile d’obtenir un prêt auprès des banques lorsqu’on travaille dans les services. Si on fabriquait des produits concrets avec des machines, il n’y aurait pas de problème. Mais nous sommes basés sur l’humain qu’on ne contrôle pas forcément. C’est ça qui fait peur ». Des obstacles certes mais c’est grâce à eux qu’il a forgé sa force de caractère. Son mental d’acier lui permet de rester calme en toute circonstance. Peu de sommeil. Deux journées en une. Voici le quotidien de cet homme qui malgré tout, tient le coup. Son secret ? Anticiper le marché : « je suis très réactif. Dès qu’il y a des nouvelles technologies, je m’adapte. Tous les jours je réinvente Nexilone ». Alors que beaucoup auraient abandonné, il ne s’est jamais découragé. Six ans de crise. Six ans que la société existe. Sa ténacité, il en est fier. « Je suis un très bon encaisseur avec une capacité de résistance qui me surprend moi-même ».
Le prix de l’entrepreneur africain ? Il en garde un très bon souvenir. Juré et candidat, il avoue avoir préféré être ce premier. « C’est un réconfort de voir le dynamisme de tous ces entrepreneurs africains. Ils cassent l’image négative de l’Afrique que tout le monde a ». Bien qu’insoupçonné, le fait est. Ces jeunes gens excellent dans les secteurs de pointe. Réseaux sociaux et e-commerce : ils gèrent.
Etre lauréat ? Il ne s’y attendait pas. Ne rien espérer pour ne pas être déçu pourrait être sa devise. « Cette compétition ? Je n’avais même pas envie d’y aller. Ma secrétaire m’y a poussé ». C’était simplement histoire de passer. Il a finalement gagné. « J’étais tellement persuadé que mon projet marcherait que j’ai convaincu les jurés ». Le SAP, dans sa vie, c’est tout de même douze années. Une chose est sûre, il savait de quoi il parlait. A partir de ce moment, il s’est senti responsabilité et a décidé d’aider les prochains.
Bien qu’être lauréat ne lui ait rien apporté en terme de business – son entreprise existant déjà – il ne regrette rien. « C’est ma notoriété en Afrique qui a changé. Mais on me voit simplement comme un enfant du pays qui a réussi en Europe ». Un conseil pour ses « successeurs » : être sincère. « Dire je ne sais pas, un entrepreneur a tout à fait le droit. Ce qu’attend le jury, c’est qu’il y croit ».
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DOSSIER : L’entrepreneur africain parfait en 5 leçons
1- Trouver la bonne idée – Avec Evelyne Kitt Kitt (PDG Kitt Food)
2- Avoir le cœur – Avec Edouard Sanou (PDG Nexilone)
3- Bien s’entourer – Avec Murielle de Saint Sauveur (Responsable Diversité du groupe Mazars)
4- Savoir activer ses ventes – Avec Majid El Jarroudi (L’Agence pour la Diversité Entrepreneuriale )
5- Connaître les réalités africaines – Avec Eric Mboma (Standard Bank RDC)
