Comment bâtir la ville africaine du XXIè siècle?

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La majeure partie des capitales africaines ont connu ces dernières années un véritable étalement urbain accompagné d’une démographie galopante. Ce phénomène s’explique par l’absence de gestion du foncier ainsi que le rachat des terres en zones rurales par des particuliers ou entreprises nationales voire internationales, provoquant le départ des habitants déjà pauvres de ces zones rurales vers la ville. ( Par Romarick Atoke )

La majeure partie des capitales africaines ont connu ces dernières années un véritable étalement urbain accompagné d’une démographie galopante. Ce phénomène s’explique par l’absence de gestion du foncier ainsi que le rachat des terres en zones rurales par des particuliers ou entreprises nationales voire internationales, provoquant le départ des habitants déjà pauvres de ces zones rurales vers la ville.

Tous ces facteurs entraînent la surpopulation des métropoles africaines qui peinent sans aucun doute à accueillir dans des conditions décentes cet afflux de populations, très souvent de chercheurs d’emplois sous-qualifiés.

Les villes africaines sont aujourd’hui confrontées à des problèmes majeurs sur lesquels il serait temps de se pencher. Compte tenu de la démographie sans cesse croissante, les gouvernements ne pourront plus répondre efficacement aux demandes de logement, aux conditions d’hygiène, aux standards d’assainissement et aux problèmes de mobilité que doivent désormais affronter les grandes villes africaines.

Il ne s’agit toutefois pas de copier des modèles d’urbanisme et d’architecture occidentaux ou orientaux. Il ne suffit pas non plus de reproduire les modèles coloniaux, tels que le damier, ni les façades avec des ordres grecs ou romains qui s’utilisent très souvent sans étude préalable et qui n’ont aucun lien avec l’urbanité, le site ou encore le projet.

Dorénavant, il est question de bâtir avec toutes les ressources de la science et de la technique, tout en satisfaisant du mieux possible les exigences propres à nos usages et en déterminant des formes nouvelles, une nouvelle harmonie de l’urbanité, des volumes, des pleins et des vides. Il est tout aussi important de concevoir des schémas d’assainissement et de réseaux projetés sur le long terme et une architecture qui ait sa place dans les conditions particulières de sa localisation géographique. Il faut également que ces projets s’intègrent dans une valeur esthétique et fonctionnelle propre à notre sensibilité. Ces projets doivent aussi prendre en compte les enjeux liés à la mobilité des personnes comme des biens. En somme, des projets qui se doivent de véhiculer une réelle identité architecturale pour le territoire dans lequel ils s’insèrent.

Le développement des métropoles africaines ne peut se faire sans la mise en place de tous ces éléments. Le plus important n’est pas de réaliser des projets d’envergure répondant à des besoins ponctuels, mais de les effectuer en pensant à l’avenir donc des solutions durables. Car compte tenu de la croissance économique et démographique connue par ces métropoles, il serait avantageux de concevoir des projets adaptables aux grands changements urbains qui se dessinent aujourd’hui ainsi qu’à l’horizon. Au delà des projets apparaissant sous la forme d’opportunités, qu’elles soient foncières ou politiques, les villes africaines ont besoin d’être pensées, réfléchies, appréhendées dans leur globalité. Elles ont besoin d’une réflexion qui aille au delà de l’aménagement d’un territoire. L’Afrique a aussi besoin du développement de typologies architecturales propres. De formes qui soient adaptées à ses besoins, à ses ressources, et plus généralement aux spécificités du contexte local.

L’art de construire a pu évoluer selon les générations tout en conservant, sans les altérer, les caractères de base de l’architecture et de l’urbanisme.

Il est donc grand temps de faire émerger de nouvelles réflexions et de nouvelles solutions pour résoudre le problème de l’habitat en Afrique. Le choix de l’urbanisme vertical en Afrique, souvent peu envisagé au profit d’un urbanisme horizontal, pourrait être une solution.

Avec mon entreprise, Global Archiconsult je travaille aujourd’hui avec une douzaine de professionnels et experts des domaines de l’architecture, de l’urbanisme, de la géographie, de la construction,etc… Nous travaillons actuellement sur un projet de charte architecturale, urbaine et paysagère intitulé « Le Grand Cotonou ». L’objectif du projet est de proposer à la ville des aménagements d’espaces verts paysagers durables de qualité et de privilégier les circulations routières et piétonnes sécurisées. Nous souhaitons également rénover l’éclairage et les percées, améliorer l’accessibilité, l’assainissement et les voiries réseaux divers (VRD) dans les quartiers, afin de désengorger la ville.

Il est temps que de tels projets sortent de nos tiroirs et puissent voir le jour.

Les architectures sans espaces verts, sans espaces publics, doivent évoluer vers des architectures conçues en fonction du site, de son orientation, de la direction du vent et de la lumière naturelle. Des rapports tels que celui entre le plein et le vide ou entre le bâti et la rue doivent également être pris en considération.

Cependant, le tout doit être fait en concevant des projets non pas utopiques mais réalistes et respectueux de l’environnement. Des projets qui puissent véritablement répondre aux besoins des villes. Par conséquent, des projets privilégiant l’utilisation des énergies solaires et l’utilisation des matériaux locaux doivent être multipliés.

L’un des enjeux de la ville africaine de demain porte aussi sur une manière de pouvoir subvenir à l’alimentation des populations urbaines de plus en plus croissantes. Un développement de l’agriculture péri-urbaine pourrait être à ce titre une solution. Cela éviterait le long périple auquel font face les cultivateurs en zone rurale à acheminer en ville le fruit de leurs récoltes. L’approvisionnement des métropoles en produits alimentaires frais et locaux pourrait ainsi donc connaître un essor assez important, répondant à une demande très forte.

Les décideurs africains devraient davantage appuyer les démarches de promotion et vulgarisation des matériaux locaux africains, dont la réactualisation et l’utilisation pourraient pleinement contribuer à la sortie de crise économique de ces pays.

ATOKE-Romarick

Plus d’informations:

Global Archi Consulting: www.globalarchiconsult.com

Afrikarchi: www.afrikarchi.com

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Sur l'auteur

Romarick Atoke

Président Fondateur d’AFRIKArchi, est aussi Directeur de Global Archiconsult. Cette dernière est une entreprise de construction, de réalisation en architecture, architecture d'intérieur, planification urbaine, de conseils dans les domaines précités, en matériaux locaux africains ainsi qu'en énergies renouvelables.