Papa Wemba est mort sur scène ce samedi, le micro à la main, devant des milliers d’Abidjanais restés jusqu’au petit matin pour voir la légende de la rumba clôturer une nuit de folie, au Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA). Petit résumé en dix dates clés de la vie de cette légende congolaise de la rumba comme de la SAPE.
14 juin 1949 : Naissance à Lubefu (Centre-est de la RDC, alors colonisée par la Belgique) de Shungu Wembadio Pene Kikumba, que l’on nommera Papa Wemba.
1969 : Les débuts : Papa Wemba a tout juste 20 ans lorsqu’il fonde son premier groupe à Kinshasa, Zaïko Langa Langa, qui rassemble une poignée de membres et musiciens. La mayonnaise prend très vite, et les artistes s’imposent sur la scène zaïroise comme un groupe de référence, que quittera Papa Wemba cinq ans plus tard. Si son départ est un coup d’arrêt pour le groupe, celui-ci ne disparaîtra pas pour autant puisqu’ils sont encore aujourd’hui en activité, avec de nombreux nouveaux membres.
1970 : Sortie du premier album de Papa Wemba et de son groupe Zaïko Langa Langa, Pauline.
1977 : Après avoir créé deux groupes, Isifi Lokole puis Yoka Lokole, celui que l’on surnommait, jeune, Jules Presley, fonde un nouveau collectif, Viva La Musica, avec l’intention de miser sur les nouveaux talents. Il rencontre un étudiant alors inconnu, un certain Koffi Olomidé qui l’aidera à écrire et partagera la scène avec lui. L’orchestre rencontre un très grand succès, et les chansons de Viva La Musica passent en boucle à la radio.
1986 : Après plusieurs allers-retours, « Vieux Bokul » s’installe définitivement en Europe, et part à la conquête du monde, et réalise des tournées phénoménales aux Etats-Unis ou au Japon, qui se fascine pour ce sapeur habillé par le grand couturier Yohji Yamamoto. De la star du Zaïre des années 1970, le voilà propulsé parmi les plus grands représentants du continent dans le monde.
1993 : Rencontre avec le compositeur britannique Peter Gabriel. Leur collaboration poussera le roi de la SAPE à faire évoluer son style vers la World Music.
1995 : Sortie de l’album Emotion, qui marque un tournant dans la carrière de Papa Wemba, qui transforme son style et l’internationalise. Moins de rumba, plus de pop, son disque se vend aux quatre coins du monde. Un demi-million de ventes plus tard, il est nommé meilleur artiste aux premiers KORA Awards, aux Etats-Unis.
2003 : Sans doute l’une des seules ombres au palmarès du génie de l’artiste. Les autorités françaises et belges constatent que « Grand Maya » est accompagné d’un nombre suspect de personnes à chacune de ses tournées sur le Vieux Continent. Il sera alors accusé d’aider des immigrés clandestins à accéder à l’Europe, ce qui lui vaut de passer près de quatre mois en prison. Un tribunal français le condamne à deux ans et demi de prison avec sursis l’année suivante. Le tribunal correctionnel de Bruxelles le sanctionne en 2012 de 15 mois de prison avec sursis pour trafic d’êtres humains à la même période.
2008 : Après de prestigieuses collaborations dans les années 1990 (Youssou N’Dour, Koffi Olomidé, Passi), Papa Wemba sort l’album Kaka Yo, qui met en avant une nouvelle génération de jeunes talents congolais.
24 avril 2016 : Annoncé comme la vedette du 9ème Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA), Papa Wemba succède à Kery James puis Charlotte Dipanda sur la scène abidjanaise samedi 24 avril. Il est plus de cinq heures du matin, mais le public est resté en masse pour voir de ses yeux la légende de la Rumba. Au beau milieu d’une chanson, il s’effondre, frappé par un malaise. Un ange passe, il y a un moment d’incompréhension, puisque ses danseurs continuent encore à s’agiter sur scène. Papa Wemba est évacué, réanimé sans succès par les secouristes. La prestation prend fin dans la confusion, et ce ne sera que quelques heures plus tard, en fin de matinée, que son décès sera annoncé, lors d’une conférence de presse annonçant la fin du festival.
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